Oujda – Les transformations de l’écriture romanesque arabe et les défis esthétiques et intellectuels qu’elles engendrent pour aborder les questions humaines et sociétales, ont été au centre d’une rencontre organisée, mercredi à Oujda, dans le cadre de la 5ème édition du Salon Maghrébin du Livre “Lettres du Maghreb”.
Les panélistes ont souligné, à cette occasion, l’importance d’explorer la relation du roman aux nouvelles vagues littéraires et sa capacité à renouveler son langage et ses méthodes dans le contexte actuel marqué par de profondes mutations.
Ils ont mis l’accent, dans ce sens, sur les changements associés au roman et à l’autocritique et ce qu’ils reflètent sur la manière dont le roman aborde les questions humaines.
Dans ce contexte, le poète et romancier Mohamed Achaari a affirmé que le débat récurrent sur la “vague” dans le roman n’est rien d’autre qu’une “impulsion linguistique” pour décrire des évolutions encore limitées et incohérentes dans l’écriture romanesque arabe.
Fort de son expérience en tant que président du jury du Prix Booker 2023, M. Achaari a mis en avant la présence de bons romans, à la hauteur de la littérature mondiale, aux côtés de textes qui manquent de qualité, écrits par des écrivains débutants n’ayant pas encore saisi les priorités de l’écriture romanesque.
Il a ajouté qu’il n’y a que des signes et des débuts, mais ils ne constituent pas une vague au sens propre du terme, soulignant que l’intérêt croissant pour les prix littéraires a créé une dynamique en termes de production et de publications, de qualité variable.
Il a également expliqué qu’il ne voit pas de frontières claires entre les genres littéraires, considérant la littérature comme un espace ouvert à “l’expérimentation et au croisement”, et que l’écriture de la poésie ou des romans est, par essence, une expression de la liberté créative.
De son côté, la romancière tunisienne Amira Ghanim a expliqué que parler de “vague” dans le roman n’a pas forcément un sens positif, ajoutant qu’il s’agit d’”un phénomène qui peut surgir soudainement puis reculer brusquement, sans laisser des transformations fondamentales”.
Mme Ghanim a noté, par ailleurs, qu’elle croit que le roman appartient à la langue dans laquelle il est écrit, considérant qu’un roman écrit en arabe est un roman arabe, tandis qu’un roman écrit en français ou en anglais, même s’il est écrit par des Arabes ou des Maghrébins, appartient à la littérature de cette langue.
La romancière tunisienne a poursuivi que le roman arabe a connu une croissance notable de sa production ces dernières années, attribuant ce phénomène à la facilité de publication et à la prolifération des maisons d’édition dans les pays arabes, mettant également l’accent sur le rôle essentiel des prix littéraires dans la stimulation de l’écriture romanesque.
Elle a aussi estimé que malgré son importance, la littérature actuelle, qu’il s’agisse de romans, de nouvelles ou de réflexions en général, a encore peu d’impact réel, et ce en raison de la faiblesse de l’acte de lecture dans le monde arabe, affirmant que le développement de ce public est une condition préalable à l’expansion de l’influence du roman et au renforcement de sa présence dans la société.
Placée sous le thème “Habiter, écrire le monde”, la 5e édition du Salon Maghrébin du Livre connaît la participation d’une pléiade d’écrivains, de chercheurs, de romanciers, de philosophes, d’artistes et de poètes de plusieurs pays.
Grâce à une programmation riche et diversifiée, le Salon s’est affirmé comme une véritable plateforme de réflexion et de créativité, s’imposant comme un rendez-vous incontournable du paysage culturel national et euro-méditerranéen.
Source : azertag.az