Salon Maghrébin du Livre à Oujda: “La poésie à l’ère du numérique” au centre des débats

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Salon Maghrébin du Livre à Oujda: “La poésie à l’ère du numérique” au centre des débats

Oujda – “La poésie à l’ère du numérique” était le thème central d’un panel organisé, mercredi à Oujda, dans le cadre du Salon Maghrébin du Livre maghrébin, et au cours duquel l’accent a été mis sur l’impact des outils numériques sur la refondation du rapport de la poésie à l’écriture et à la réception.

Les participants ont discuté de la manière dont les plateformes numériques ont ouvert un large éventail de possibilités à la poésie pour se diffuser, circuler et toucher de nouveaux lecteurs, lui offrant des opportunités de renouvellement et d’ouverture sur des horizons plus vastes.

Ils se sont attardés, dans ce sens, sur les défis que ces médias posent à la profondeur artistique de la poésie et comment ils peuvent parfois la réduire à des textes faciles à consommer, perdant ainsi sa spécificité esthétique.

Notant que les transformations numériques ont contraint les poètes à inventer de nouveaux modes d’expression, tirant profit de l’interaction directe avec le destinataire et des possibilités offertes par l’image, le son et les technologies visuelles, les intervenants ont insisté sur le fait que le principal défi consiste à exploiter ces outils de manière créative qui préserve la place de la poésie en tant que genre littéraire indépendant, tout en renforçant le rôle de la critique et des approches esthétiques pour accompagner cette transformation, afin que la poésie demeure, à l’ère du numérique, un pont vivant pour exprimer les préoccupations humaines et favoriser la quête de sens.

Dans ce contexte, l’écrivaine bahreïnienne Jumana Al-Qassab a expliqué que la numérisation, avec ses transformations dans la conscience de l’homme contemporain, stimule la recherche de nouveaux sens, issus non seulement de la métaphore, mais aussi du quotidien et de l’ordinaire, devenus une matière poétique propice à la créativité.

L’écrivaine bahreïnienne a souligné que la digitalisation a redonné à la poésie son lustre d’antan, lorsqu’elle reposait sur la récitation orale directe et la réception, notant qu’elle a permis aux poètes d’accéder à un public plus large, ce qui soulève des questions fondamentales sur la nature de la réception à l’ère du numérique.

De son côté, le poète marocain Abderrahmane Bouali a fait remarquer que la digitalisation est devenue la variable la plus importante affectant la poésie et la créativité poétique de nos jours, après avoir été prisonnière des idéologies au cours des dernières décennies.

M. Bouali a précisé que le numérique a créé de nouveaux contextes de réception, où le lecteur n’est plus celui qui tourne les pages d’un livre, mais un public interagissant via des écrans et des outils numériques, ce qui nécessite de repenser les méthodes d’écriture et les mécanismes de production de sens.

Il a ajouté que la transformation numérique a fait évoluer la nature même de la lecture : le destinataire étant désormais attiré par des textes courts qui interagissent avec l’image et le son, permettant ainsi à la poésie de retrouver une partie de son caractère oral, mais l’a également exposée au risque d’une consommation rapide et à la perte de son essence artistique.

Il a relevé, dans son intervention, que le véritable défi réside dans la transformation du numérique en levier de créativité, et ce en l’utilisant pour élargir les espaces de diffusion, tout en préservant l’essence de l’expérience poétique, estimant que cette évolution requiert de nouvelles approches critiques capables de comprendre le rapport de la poésie à l’ère du numérique et de déconstruire ses enjeux esthétiques et culturels.

Les autres interventions ont abordé l’impact du numérique sur les poètes et la poésie, en termes d’écriture et de réception, soulignant que les outils numériques sont devenus partie intégrante du paysage culturel actuel.

Elles ont également convenu que la présence sur les plateformes numériques n’est plus un luxe, mais une nécessité, permettant aux poètes de toucher un public plus large et d’interagir avec de nouveaux destinataires, compte tenu des transformations qui ont modifié les habitudes de lecture et les modes de consommation des textes littéraires.

Placée sous le thème “Habiter, écrire le monde”, la 5e édition du Salon Maghrébin du Livre se tient, du 7 au 12 octobre, avec la participation d’une pléiade d’écrivains, de chercheurs, de romanciers, de philosophes et d’artistes du Maroc et de plusieurs autres pays.

Grâce à une programmation riche et diversifiée, le Salon s’est affirmé comme une véritable plateforme de réflexion et de créativité, s’imposant comme un rendez-vous incontournable du paysage culturel national et euro-méditerranéen.

Source : mapexpress.ma