Oujda: Une unité pilote d’évaluation de la gestion locale

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Oujda: Une unité pilote d’évaluation de la gestion locale

La faculté de droit d’Oujda a récemment organisé un colloque international sur la gouvernance territoriale et le développement local, en partenariat avec l’ONDH. «Les programmes territoriaux devraient être fondés sur des diagnostics solides et fiables, tout en mettant en relief les potentialités locales»,  ont expliqué les intervenants 

La diversité des intervenants et le manque de convergence rendent la gestion des territoires difficile et complexe. Par ailleurs, la verticalisation des politiques publiques et les multiples niveaux de gouvernance locale alourdissent le processus de prise de décision.

La gouvernance locale ne peut ainsi être réduite à un simple processus de délégation de compétences et de pouvoirs de l’État aux collectivités territoriales. Elle exige l’implication des représentants de la population dans la prise de décision et l’exécution opérationnelle des programmes.

C’est ce qui ressort du colloque international sur la gouvernance territoriale et le développement local, organisé la semaine dernière à Oujda. Deux journées de débat initiées par la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, et l’Université Mohammed 1er d’Oujda (UMP/O) en collaboration avec l’Observatoire national du développement humain (ONDH).

Chercheurs universitaires, représentants d’agences des Nations unies, experts en évaluation, élus locaux et acteurs de la société civile étaient unanimes: la gouvernance ne se résume pas à quelques actions destinées à améliorer les conditions de vie des citoyens. Elle a pour finalité l’augmentation de leurs revenus et la réduction de la pauvreté, de la vulnérabilité et de l’exclusion, tout en veillant au respect de leurs droits fondamentaux.

Une bonne gouvernance devrait être en mesure d’instaurer un «modèle de développement local», via un réseau solide de responsabilité et de reddition des comptes. C’est dans ce sens qu’une structure d’évaluation de la gestion locale et de la convergence territoriale est en phase d’expérimentation au niveau des communes rurales de Ain Béni Mathar et Melloussa, ainsi que dans les communes urbaines de Jerada et Tétouan.

«Elle est le fruit d’un partenariat entre l’UMP/O et l’ONDH, avec l’appui du Pnud», précise El Hassan El Mansouri, SG de l’ONDH. «Pour commencer, nous avons mené une réflexion académique, car tous les outils d'évaluation des politiques publiques sont fondés sur cette approche universitaire», a-t-il confié.

Smart spécialisation des territoires
Pour sa part, la faculté vient de lancer un master dédié à la formation et à la recherche dans le domaine de l’évaluation des politiques publiques. Le projet d’un territoire ne se limite évidemment pas à l’exécution des orientations de l’administration centrale. Le pouvoir local devrait élaborer ses propres orientations.

«La concrétisation de ce projet nécessite une quadruple capacité pour les acteurs locaux: valoriser leur environnement, agir ensemble, créer des liens entre différents secteurs, le tout en retenant sur place le maximum de valeur ajoutée», explique Mourad Zenasni, enseignant-chercheur à l’ENCG d'Oujda.

Pour lui, l'élaboration d'un projet de territoire au niveau régional peut se baser sur une démarche de Smart spécialisation. Une approche qui vise l'élaboration d'une politique d'innovation et de développement fondée sur «des facteurs spécifiques favorables».

Comme des compétences humaines, des infrastructures et les conditions du marché local. Cette démarche implique une spécialisation des régions dans des domaines où elles peuvent exceller, en mobilisant tous les acteurs compétents du territoire (entreprises, institutions publiques de recherche, collectivité…).

Outils indispensables

La planification territoriale nécessite des diagnostics basés sur des data fiables. La création de systèmes d’information et d’observatoires régionaux est ainsi indispensable. Il faudrait également assurer un cadre de suivi et d’évaluation mesurant l’efficacité des actions. Autre ingrédient décisif: la qualité des ressources humaines. Les territoires doivent se doter de cadres compétents, capables de mener des études, d’animer des débats, d’exécuter des plans de développement… C’est ce qui ressort du panel consacré aux systèmes de gestion et de programmation territoriale. La gestion du foncier est, en outre, capitale. Elle requiert une modernisation du management des biens immobiliers. C’est l’une des questions les plus importantes pour la promotion de l’investissement et de la dynamique économique locale.

Source : L'économiste