- Reconversion agricole, transformation touristique, projets pilotes en médecine… l’accès multisectoriel.
- 680 millions DH pour la mise à niveau des centres urbains.
- Une troisième centrale solaire dans le pipe.
Après avoir traversé des années de détresse, la province de Jerada prépare sa reconversion lentement mais sûrement. La fermeture des charbonnages du Maroc à Jerada, la Compagnie minière à Touissit, Zelidja à Sidi Boubker et la fonderie du plomb à Oued El Heimer ont failli transformer les centres urbains de la province en villes fantômes avec un grand déficit en matière d’offres d’emploi. Avec le déclin du secteur minier, toutes les localités de la province ont vécu des années difficiles. Il a fallu repenser autrement le décollage économique d’une province aux multiples atouts mais qui n’arrivait pas à se débarrasser de ses anciens démons. La reconversion a traîné durant deux décennies. Il n’était pas facile de passer d’une mono activité à la multiple activité économique.
Seule lueur d’espoir, les différents programmes lancés dans le cadre de l’Initiative royale du développement de l’Oriental ont permis d’asseoir une politique de redressement qui touche plusieurs secteurs mais qui a pris du temps. L’absence d’une approche citoyenne incluant le secteur privé en était la principale cause. Toutefois, les programmes qui sont en phase d’exécution et qui seront opérationnels au cours de 2017 et 2018 ont ratissé large: mise à niveau urbaine, construction de centrales de production électrique, reconversion agricole et lancement de projets touristiques. Pour faire aboutir ces programmes de redressement, les responsables locaux ont opté pour une approche participative en concertation avec les différentes forces vives de la province: institutions, partis politiques, syndicats élus, conseils provincial et communal.
Des actions émanant de diagnostics, réalisés par différents services et ONG, sont lancées et s’articulent autour de deux axes. Le premier volet se rapporte au monde rural et concerne l’électrification rurale, alimentation en eau potable, renforcement et ouverture de nouvelles pistes rurales et lancement de nouvelles cultures agricoles. Des chantiers indispensables pour endiguer le phénomène de l’exode rural et les problèmes d’isolement. Jusqu’à fin 2016, le taux de raccordement en eau potable a couvert 96% des douars et l’électrification rurale est passée de 94 à 96% entre 2014 et 2016. L’objectif est d’atteindre une couverture à 100% à la fin 2017.
Les cendres issues de cette centrale ne seront pas rejetées dans la nature mais revalorisées
dans des produits de briqueterie et de cimenterie (Ph A.K)
En parallèle, la province bénéficie d’un accord avec les Emirats arabes unis pour généraliser l’utilisation de l’énergie solaire, via des packages déplaçables et panneaux solaires dernière génération. Une offre adaptable pour satisfaire la consommation de plusieurs lampes, prises, réfrigérateurs et télévisions. Il résout le problème des nomades qui se déplacent avec leurs troupeaux en quête de pâturages mais qui avaient besoin de commodités pour mener une vie décente. Actuellement, toutes les familles nomades de la province ont été recensées et le budget alloué à ces kits est débloqué. Les premières offres sont déjà opérationnelles. Une autre convention pour l’électrification de 706 foyers dans 13 douars et 6 communes rurales pour un montant global de 30,3 millions de DH est également en phase de réalisation. Les bénéficiaires contribueront à hauteur de 2.500 DH payables sur 7 ans (40 DH/mois). Pour rappel un seul raccordement aux foyers éparpillés dans le rural, sans ce type d’accompagnement, avoisine les 100.000 DH.
Concernant l’alimentation en eau potable et l’abreuvement du cheptel, plusieurs programmes seront lancés en 2017 dans le cadre de conventions de partenariat pour un montant de 33,9 millions de DH (19 millions de DH pour l’alimentation des douars en eau potable et 14,95 millions de DH pour l’abreuvement du cheptel). Les marchés seront lancés dans quelques jours pour le creusement des forages, l’équipement des fontaines et réservoirs pour pallier la rareté des précipitations. En amont, ces nouvelles réalisations conforteront ce qui a été réalisé en matière de protection contre les crues. C’est le cas du programme de lutte contre les inondations et crues des rivières avec construction de canaux de dérivation et dalots à Jerada et Hassi Blal (39 millions de DH).
Les centres urbains de la province effectuent leur mise à niveau
pour se hisser au niveau des grandes villes de l’Oriental (Ph. AK)
Idem pour les équipements hydrauliques au niveau de la zone irriguée d’Ain Bani Mathar (50 millions de DH), alors qu’en matière de raccordement au réseau d’eau potable, il est de 100% en milieu urbain et de 92% dans 7 centres ruraux. De son côté, le secteur de la santé a bénéficié d’une attention particulière avec focalisation sur les malades silicotiques (victimes des années d’exploitation du charbon). Quelque 55 millions de DH ont servi à la réalisation d’une unité de pneumologie et silicose (55 lits avec 42 millions de DH), un nouveau centre d’hémodialyse, agrandissement de la maison d’accouchement à Ain Bani Mathar, renforcement du parc d’ambulances (15 au total) et 2 unités médicales mobiles équipées de labos d’analyse et matériel performant.
En matière d’inter-connectivité des différents douars de la province aux routes nationales, secondaires et tertiaires, un programme original vient d’être lancé. Au lieu de se limiter aux 134 km de pistes rurales programmées pour 2017 et 2018, les responsables locaux ont lancé un vaste programme pour traiter des tronçons de 983 km. Un choix dicté par le besoin et exécuté dans un cadre collégial. Au lieu de faire appel à des sociétés privées, les autorités locales et les conseils élus ont opté pour l’autoréalisation en s’équipant d’engins indispensables pour la réalisation de ces travaux. Le Conseil provincial se charge de la facture du gasoil et de celle de la main d’œuvre, la délégation locale du ministère de l’Equipement assure l’achat des engins (niveleuses, chargeur, pelle-buldozer, camion benne, compacteur vibreur, camion citerne et porte engin) alors que l’INDH finance les différents ouvrages d’art, la matière première provenant des carrières est gratuite.
La spécificité de ce travail collégial est d’assurer en aval la maintenance pour plusieurs années vu que le matériel reste sur place. Une telle opération nécessite 19,1 MDH. C’est ce que vient d’expliquer Mabrouk Tabet, gouverneur de la province de Jerada, lors d’une réunion avec des associations locales. De telles infrastructures sont indispensables pour enclencher des programmes de développement et permettre à la province d’améliorer son triste record de chômage 29%. C’est un rôle qu’endossent le Conseil régional, élus locaux et autorités qui viennent de lancer un programme de reconvention économique s’appuyant sur l’agriculture et le tourisme.
75 millions de DH sont débloqués pour protéger les villes de Jerada
et Hassi Blal contre les inondations et éviter à ces centres les avalanches de crues (Ph A.K)
Sur le plan urbanistique, la province de Jerada est à l’heure de sa mise à niveau. Les 3 centres urbains de la province (Jerada, Ain Bani Mathar et Touissit) bénéficient de travaux complémentaires dans le cadre de la politique de la ville. Une nouvelle vision de développement qui engage les ministères de l’intérieur (DGCL), l’habitat, jeunesse et sports, santé, artisanat, économie solidaire, énergie, l’OFPPT, agence de l’Oriental, entraide nationale, ONEE,les conseils régional et provincial et les trois communes ciblées: Jerada, Ain Bani Mathar, et Touissit.
Dans le détail, il s’agit de la mise à niveau et renforcement du réseau routier, éclairage public, assainissement, embellissement des façades des principales artères, mise à niveau des places publiques, création d’un centre de santé, salles omnisports, centre aux personnes à besoins spécifiques, espaces associatifs, qualification professionnelle, construction d’abattoirs, aménagements des places de stationnement des grands taxis et protection des villes contre les inondations. Le budget alloué est de 680,8 MDH à réaliser avant 2018. (Dont 388 MDH pour Jerada, 187,9 MDH pour Ain Bani Mathar et 104,9 MDH pour Touissit).
Source : L'économiste